Auvergne, je me souviens de toi…


Je me souviens de ta toute petite vallée.
Une toute petite vallée noyée dans une grande forêt de ton crû, comme tu sais les inventer : ça faisait un bazar inquiétant ces feuilles et ces branches qui s’entrechoquent. Surtout à la nuit tombante.
Mes pieds traînants grattaient et soulevaient l’humus fort des sous-bois, l’humidité moite de cette brûlante soirée d’août.
Je t’aimais de m’offrir ces grands et beaux tableaux bruns et verts. J’aimais te fouler de mes pas lourds.
J’adorais me perdre dans le vertige de tes solitudes vibrantes. Et, parfois, j’ai senti mon ventre se cambrer d’une joie étrange à pénétrer ton cœur.
Et pourtant je t’en ai voulu de mes angoisses quand une journée passait sans l’ombre d’un autre, quand les pentes s’accumulaient en côtes répétées, quand la fatigue m’emmenait loin dans les pensées sombres.
Et que tu te moquais de mes petits malheurs, de mes douleurs aux pieds, aux jambes et partout.
Oui mais voilà, aujourd’hui, quand je pense à toi, je vois tes chemins de lumière s’ouvrant sur des clairières inattendues, m’indiquant la voie du monde nu. Comme si chaque arbre me nourrissait d’une humanité lointaine. Comme si les roches affleurantes m’avait offert un escalier providentiel.
Comme si, en parcourant tes formes, tu m’avais montré le chemin qui mène à soi !

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